Biogaz : malgré un soutien public en demi-teinte, la filière se développe et crée de l’emploi

Depuis plus d’une quinzaine d’années, la filière biogaz se développe et devient incontournable parmi les autres énergies renouvelables. Malgré la croissance et les ambitions de ses acteurs, l’Etat montre une certaine frilosité à son développement qui se traduit par des ambitions revues à la baisse dans la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) publiée par le ministère de la Transition Écologique. Pour autant, des dispositifs public-privé initiés par le ministère de l’Agriculture visent à encourager cette croissance.

Alors, la révolution du gaz vert est-elle vraiment en marche ? Etat des lieux.

La filière biogaz : dynamisme et ambition

Le biogaz est la plus verte des énergies renouvelables : non intermittente, elle permet dans une optique d’économie circulaire, de récupérer les déchets d’autres activités pour les transformer en une nouvelle source d’énergie à réinjecter dans le réseau.

La France dispose de ressources naturelles idéales pour la création de biogaz dans des proportions très importantes : activité forestière, filière bois, agriculture, stations d’épuration, agroalimentaire… les sources sont légion. La méthanisation peut même représenter un nouvel atout pour certaines filières en crise, notamment le milieu agricole.

Fin 2017, selon des chiffres annoncés par Connaissance des Energies, plus de 592 sites de production de biogaz avaient été créés, produisant 682 GWh. Cela représente l’équivalent de la consommation annuelle de gaz de 34 000 foyers ou 1600 camions/bus. Le biogaz a couvert en 2018 près de 3% des besoins en énergies renouvelables en France, soit mieux que l’éolien et le photovoltaïque.

Les mises en garde de l’Etat à travers la PPE

Mais là où les acteurs de la filière affichent un objectif de 30% de biométhane injecté d’ici 2030, le ministère de la Transition Écologique dans sa PPE annonce 7% de la consommation de gaz dans les 10 ans avec une production de 14 TWh/an en 2028. En cause notamment le coût de production encore élevé de ce gaz comparativement au gaz importé (90€ le MWh contre 20€ pour le gaz importé).

En parallèle, le Ministère de l’Agriculture, soucieux d’accompagner cette coûteuse mais nécessaire diversification des revenus des exploitants agricoles, a ouvert un nouveau système de prêts sans garantie, adossé à un fonds de garantie public qui devrait permettre l’ouverture de 400 nouveaux projets de méthanisation à la ferme dans les 5 ans.

Les politiques publiques tout comme l’opinion en matière de biogaz sont donc en pleine mutation. D’ailleurs, selon cet article du site le-gaz.fr publié début avril, François de Rugy a déclaré pouvoir revoir sa copie sur le biométhane au sein de la PPE. “Nous partageons au sein du gouvernement l’idée que c’est une bonne chose de développer (cette filière) car cela permet de réduire nos importations de gaz fossile” et “c’est du développement économique local”.

Perspectives de développement et de recrutement

Bien que les ambitions gouvernementales soient en deçà des objectifs défendus par la filière, les besoins en recrutement français pour la méthanisation restent importants.

En effet, selon le cluster de la méthanisation, BIogaz Vallée, la filière est créatrice d’opportunités et d’emplois. Un article publié dans Environnement Magazine fait état des profils recherchés pour le secteur : techniciens de maintenance, commerciaux, mais aussi ingénieurs ou responsables d’exploitations, les profils sont variés mais nécessitent la création de formations spécialisées, en cours dans l’Hexagone avec la création de 5 formations certifiantes sur le territoire national.

Une étude menée par le club Biogaz restituée sur le-gaz.fr annonce que la filière pourrait rapidement atteindre les 15 000 nouvelles embauches d’ici 2020, sous couvert d’un rythme d’installations d’unités constant. Pour ce faire, il faudra a minima maintenir le rythme actuel d’installations pour atteindre un premier seuil de 1000 unités d’ici 2020.

Les signaux demeurent encourageants puisque l’Ademe annonce que dans les Hauts de France, la filière pourrait être la plus créatrice d’emploi avec la filière bois dans le secteur des énergies renouvelables.

En comparaison, chez nos voisins allemands, ce sont aujourd’hui 10 000 unités qui produisent quotidiennement biogaz, chauffage et électricité. Si une synergie finit par opérer entre la réduction des coûts et l’encouragement des pouvoirs publics, la marge de progression française peut devenir énorme en termes d’écologie mais aussi et surtout de création d’emplois.